INTRODUCTION

I1 y a une très grande continuité dans l'œuvre scientifique du biochimiste Mirko Beljanski. Ses
premiers travaux, faits il y a trente ans, l'ont mené tout droit à l'étape qui commence en ce
moment. Justement, aujourd'hui, il est bon de regarder en arrière et de retracer la démarche de
la pensée qui conduit à ses découvertes actuelles. C'est un chemin jalonné d'autres
découvertes, nombreuses, et marqué par leurs applications, qui ont sauvé bien des malades.

Les résultats que Mirko Beljanski et son épouse Monique, associée à ses recherches depuis le
début, ont décrits dans leurs très nombreuses publications sont souvent en avance d'une dizaine
d'années sur les connaissances qui en sont contemporaines. Comme tous les novateurs, mais
de façon particulièrement aiguë, ils se sont heurtés à l'incompréhension et à l'hostilité de ceux
qui soutenaient les idées en cours.

Plus rarement, mais c'est ce qui en fait le prix, ils ont rencontré ceux qui les ont compris et
soutenus. Aujourd'hui, enfin, une association internationale très active, le Centre Oncologique
et Biologique de Recherche Appliquée, qui a très vite rassemblé des milliers de personnes,
humbles ou célèbres, provenant de nombreux pays du monde, s'est formée pour les aider, ainsi
que d'autres novateurs, dans leurs travaux d'avant-garde.

A l'heure actuelle, un certain nombre des conceptions que les Beljanski soutiennent de longue
date commencent à être acceptées par la communauté scientifique au moment où elles sont
"redécouvertes" dans différents pays par des chercheurs qui n'ignorent pas toujours les travaux
de l'équipe française, mais se gardent bien, dans ce cas, de l'avouer.
Notre but, dans les chapitres qui vont suivre, est de montrer la démarche de la pensée qui a
mené Beljanski d'une découverte à l'autre et d'indiquer les principes sur lesquels se fonde
l'activité des remèdes qu'il a mis au point.

Les recherches de Beljanski concernent les deux aspects primordiaux de la vie d'une cellule:
sa multiplication et sa différenciation, sujets vastes à l'intérieur desquels il a choisi de
concentrer ses efforts au niveau le plus fondamental, celui des acides nucléiques, ADN et ARN,
et de la régulation de la réplication du génome cellulaire ainsi que de son expression.

Ainsi lui est apparu, bien avant que ce fût une notion acceptée, que, loin de se borner à leur rôle
d'intermédiaires dans la synthèse des protéines, les ARN, dont il devait mettre en évidence de
nouvelles variétés , étaient capables de contrôler de façons diverses le fonctionnement de

1'ADN porteur des gènes. Dans la réplication et la différenciation cellulaires aussi bien que
dans l'évolution des espèces, 1'ARN joue un rôle aussi fondamental que 1'ADN. Concept ô
combien hérétique à l'époque où il l'a exprimé !

Ces travaux devaient conduire Beljanski à s'intéresser aux conditions qui déterminent la stabilité
plus ou moins grande de la molécule d'ADN. Cette molécule, on le sait, est constituée de deux
brins associés en une double châîne; ils s'écartent l'un de l'autre au moment où 1'ADN doit être
copié en ADN identique, pour sa réplication préalable à la division cellulaire, ou bien transcrit
en ARN messager, pour la synthèse des protéines inscrites sous forme codée dans le génome.

Ouverture et fermeture de la châîne en rapport avec la réplication ou l' expression des gènes
sont, dans une cellule normale, soumises à une stricte régulation. Comment une cellule
cancéreuse, en division rapide, anarchique, devenue capable de synthétiser des molécules que,
normale, elle ne produirait pas, peut-elle échapper à cette régulation ?

Beljanski et ses collaborateurs démontrèrent que 1'ADN d'une cellule cancéreuse est toujours
"déstabilisé", c'est-à-dire qu'en de nombreuses régions, ses deux brins sont écartés l'un de
l'autre alors qu'ils ne devraient pas l'être, ce qui les rend prêts pour des divisions et des
synthèses anormales. La cellule à ADN déstabilisé devient extrêmement vulnérable à tout ce
qui peut augmenter cette déstabilisation, cette dérégulation. Ainsi la cellule précancéreuse ou
cancéreuse est-elle très sensible aux cancérogènes, qui, Beljanski l'a montré, accroissent la
déstabilisation de son ADN.

Mais s ' il existe des substances capables de déclencher ou d' entretenir la déstabilisation de
1'ADN des cellules cancéreuses, n'y en a-t-il pas d'autres qui ont l'effet inverse ? Une série de
recherches des Beljanski aboutit effectivement à la découverte de plusieurs molécules qui ont
la propriété de "refermer" les châînes d' ADN anormalement ouvertes et soit d' entraîner la mort
de la cellule cancéreuse, soit de la ramener à un état normal. L'effet de ces produits est sélectif:
il ne s'exerce pas sur les cellules saines, qui poursuivront donc le cours normal de leurs
divisions et de leurs synthèses.

Enfin, au cours d'une troisième période de travaux qui vient de débuter, Beljanski et ses
collaborateurs ont entrepris d'étudier les moyens d'assurer un bon équilibre cellulaire, au
niveau des enzymes qui exercent une fonction régulatrice sur la réplication de 1'ADN et
l'expression des gènes qu'il porte.

Chemin faisant, ils ont mis au point des médicaments originaux, qui sont efficaces et non
toxiques parce que leur élaboration s'inspire des processus physiologiques qui se déroulent
normalement dans des organismes en bonne santé.

Ces découvertes scientifiques et leurs applications biomédicales ont été réalisées par une
équipe parfois réduite à trois personnes et qui a toujours travaillé dans des conditions
matérielles très difficiles.

Nous vous avons rappelé plus loin quelques notions
utiles à la lecture de cet ouvrage.